Des établissements sans fumée améliorent la santé du personnel de restauration mesurablement
L'interdiction de fumer en mai 2010 mène à des améliorations notables de la santé du personnel de service. Ceci est illustré par une étude de l’Institut Tropical et de Santé Publique Suisse, qui sera présentée aujourd'hui à la conférence de santé publique suisse à Lausanne.
Dans le cadre de l’étude COSIBAR (Cohort Study on Smokefree Intervention in Bars and Restaurants) la variabilité du rythme cardiaque et la vitesse de l'onde de pouls ont été examinés chez le personnel des restaurants avant et 12 mois après l'introduction des postes de travail sans fumée. Ces deux facteurs donnent des informations au sujet du risque de crise cardiaque et d'athérosclérose.
Avant l'introduction de l'interdiction de fumer dans les restaurants, le personnel de service était exposé considérablement au tabagisme passif. La quantité était équivalente à l'inhalation quotidienne de 5 cigarettes. Après l'introduction de lieux de travail sans fumée, cette quantité était en moyenne 16 fois plus faible qu’avant.
Après 12 mois, la santé cardiovasculaire s’est améliorée mesurablement
La réduction de l'exposition à la fumée passive au travail a mené à une amélioration mesurable de la santé cardiovasculaire des employés après 12 mois. Pour les personnes qui n'ont plus été exposées au tabagisme passif, la variabilité du rythme cardiaque s’est améliorée significativement. En revanche, chez les employés dont la situation au travail n'a pas changé, aucune amélioration n'a été observée. En outre, la vitesse de l'onde de pouls a été significativement améliorée chez les participants dont l'exposition à la fumée passive dans les lieux de travail était diminuée.
La variabilité du rythme cardiaque et la vitesse de l'onde de pouls comme indicateurs importants
La variabilité du rythme cardiaque décrit les changements physiologiques tout au long de la journée. Ces fluctuations sont une mesure de la capacité d'adaptation de l'organisme aux situations de stress, comme lors de l'exercice ou du stress. Dans de telles situations, le rythme cardiaque augmente puis baisse rapidement. Une plus grande adaptabilité à de telles situations stressantes se traduit par une plus grande variabilité de la fréquence cardiaque. Cela donne une indication de l’état de la santé cardio-vasculaire d'une personne et permet également de prévoir les risques de crise cardiaque.
La meilleure capacité d'adaptation de la fréquence cardiaque observée chez le personnel de restauration dans l’étude COSIBAR à la suite de l'introduction des lieux de travail sans fumée indique une diminution du risque de crise cardiaque due à la réduction de l'exposition à la fumée passive. La vitesse de l'onde d'impulsion est une mesure de l'élasticité des artères. La diminution de la rigidité des parois des vaisseaux sanguins qui a été observée parmi les participants à l'étude après 12 mois signifie que les artères étaient devenues plus élastiques, grâce à une exposition réduite. Ceci indique alors une réduction du risque de l'artériosclérose.
Signifiance de l'étude
L'étude COSIBAR montre que l'introduction de la législation pour les établissements de restauration sans fumée a un effet positif sur la santé du personnel de service. L'étude est particulièrement intéressante parce que les différentes réglementations cantonales ont permis un plan de recherche quasi-expérimental: Pour certains des participants à l'étude, des places de travail sans fumée ont été introduis, tandis que d’autres ont continué à travailler dans des restaurants enfumés. Dans toutes les analyses, l'âge, le sexe, le poids, la taille et la pression artérielle des sujets ainsi que les influences saisonnières ont été prises en compte.
Autres indicateurs de santé sont encore sous enquête
Dans le cadre de la même étude, des paramètres de la fonction pulmonaire ont été mesurés chez les participants. L'évaluation de ces données n'est pas encore terminée. Les résultats définitifs de l'étude devraient être publiés fin 2012.
Équipe de recherche et financement
L'étude COSIBAR a été menée par l’Institut Tropical et de Santé Publique Suisse à Bâle, en collaboration avec l'Institut Universitaire Romand de Santé au Travail, Lausanne et l'Institut de médecine sociale et préventive de l’Université de Zurich. L'étude COSIBAR est financée par le Fonds de prévention du tabagisme.