Prestations ambulatoires:Les hôpitaux et les cliniques en font plus mais gagnent moins
Les prestations ambulatoires des hôpitaux et des cliniques gagnent encore en importance. Elles sont sollicitées par un nombre croissant de patients et représentent actuellement un quart du secteur ambulatoire. Et la tendance est à la hausse. Dans le secteur des urgences en particulier, les hôpitaux sont les piliers des soins médicaux de base. Les hôpitaux en font donc toujours plus. Mais ils gagnent toujours moins, parce que les structures tarifaires ambulatoires sont dépassées et obsolètes. Résultat: le déficit du financement de l’ambulatoire hospitalier va Croissant.
«La disponibilité des hôpitaux et des cliniques qui répondent aux problèmes de santé des patients le jour, la nuit ainsi que les dimanches et les jours fériés joue un grand rôle dans le renforcement de la demande», a expliqué Charles Favre, président de H+, lors de la conférence de presse annuelle de l’association nationale des hôpitaux à Berne. La branche a réagi à cette évolution de la demande, elle a élargi et développé l’éventail de ses prestations.
Les hôpitaux jouent un rôle croissant comme premier recours
Deux jours après l’acceptation à une large majorité de l’article constitutionnel sur les soins médicaux de base, H+ a montré lors de sa conférence de presse annuelle l’importance croissante que revêtent les prestations ambulatoires de la branche hospitalière. La part des prestations des hôpitaux dans l’ensemble du secteur ambulatoire est passée de 13 à 26% depuis l’entrée en vigueur de la loi sur l’assurance-maladie (LAMal) il y a 18 ans.
«Cette augmentation est due, d’une part au progrès médical qui offre davantage de possibilités de traitement en ambulatoire, d’autre part au rôle croissant joué par les hôpitaux et les cliniques comme premier recours, en particulier pour les urgences», a indiqué le directeur de H+, Bernhard Wegmüller. Des réseaux de soins intégrés avec les médecins de famille Les hôpitaux et les cliniques ont développé dans l’ensemble du pays de nouveaux modèles de coopération avec les médecins de famille pour la prise en charge des urgences.
«Chaque partenaire profite de cette collaboration», a poursuivi Christoph Scheen, chef du service des urgences de l’Hôpital de Bühlach. Les médecins de famille assurent leurs permanences à l’hôpital selon une planification et des horaires fixes alors que les services des urgences se trouvent déchargés grâce au tri effectué par ces professionnels qui appliquent la maxime: les soins de premier recours sont assurés, dans la mesure du possible par les médecins de famille.
Les tarifs ne couvrent pas les coûts – Une révision complète de TARMED est urgente
Werner Kübler, directeur de l’Hôpital universitaire de Bâle, a mis en évidence les écarts entre les coûts et la rétribution dans l’ambulatoire en prenant l’exemple de son institution: «Nous nous impliquons toujours davantage dans le secteur ambulatoire et nous couvrons les soins d’urgence 24 heures sur 24, ainsi que les week-ends et les jours fériés. La rémunération de ces prestations est cependant insuffisante, ce qui aboutit à une couverture des coûts très insuffisante».
En 2013, le déficit de l’ensemble de la branche hospitalière pour les prestations ambulatoires était de l’ordre de 500 millions de francs. Si l’intervention subsidiaire de la Confédération dans le tarif ambulatoire TARMED est confirmée, les hôpitaux et les cliniques seront confrontés à une baisse supplémentaire de leurs revenus de 100 à 150 millions. Pour obtenir une rémunération des prestations ambulatoires qui soit conforme à l’économie de gestion et à la loi, le vice-président de H+, Werner Kübler, ne voit qu’une solution: «TARMED doit faire l’objet d’une révision complète aussi rapidement que possible».
Programmes ambulatoires multidisciplinaires pour la réadaptation et la psychiatrie
L’augmentation de la prise en charge ambulatoire ne se limite pas aux soins aigus. En réadaptation et en psychiatrie également, la part de ces traitements augmente proportionnellement. Matthias Mühlheim, directeur administratif de Reha Rheinfelden, a présenté des programmes ambulatoires multidisciplinaires pour la réadaptation de proximité. «De telles offres de prestations répondent à un besoin des patientes et des patients. Elles sont pertinentes en termes d’économie et de politique sanitaire en complément aux réadaptations stationnaires», a déclaré Matthias Mühlheim.
Cependant, s’il n’est pas possible de négocier des rémunérations forfaitaires avec les assureurs maladie et accident pour ces programmes, ces derniers ne peuvent pas être proposés à des prix qui couvrent les coûts. «La révision du tarif de la physiothérapie ainsi que le développement de tarifs nationaux pour les programmes ambulatoires de la psychiatrie et de la réadaptation sont donc extrêmement importants pour nous», a ajouté le vice-président de H+, qui a dénoncé en outre les incitations biaisées découlant des différences de financement entre les prestations ambulatoires (entièrement à la charge des assureurs) et stationnaires (couvertes jusqu’à 55% par les cantons).
21.05.2014