Les mille premiers jours de la vie – l’alimentation durant lagrossesse et les deux premières années de vie
Le congrès national de la Société Suisse de Nutrition SSN s’est tenu à l’hôpital de l’Ile à Berne sur le thème «Les mille premiers jours de la vie – l’alimentation durant la grossesse et les deux premières années de vie » en ce vendredi 7 septembre 2012.
Devant un parterre occupé par de nombreuses personnalités, les experts d’horizons différents se sont exprimés sur l’importance particulière de l’alimentation durant la grossesse, celle du nourrisson et du jeune enfant ainsi que les phases critiques du développement. Ce congrès a été organisé en collaboration avec l’Office fédéral de la santé publique OFSP et l’Association Suisse des Diététicien-ne-s diplômé-e-s ES/HES. L’ouverture officielle du congrès a été précédé d’un symposium sur le thème « Edulcorants ; stevia et autres ».
Madame le Dr rer. nat. Ursula Wölwer-Rieck, qui se consacre à la bioanalytique et travaille auprès de l’Institut des sciences alimentaires et nutritionnelles de l’Université de Bonn, a abordé dans une approche pratique les points essentiels de ce thème. Les participants ont ensuite pu suivre diverses conférences sur les thèmes suivants:
Effet de l'apport périnatal en acides gras polyinsaturés essentiels dans la programmation nutritionnelle
Lors de son allocution, le Professeur de nutrition expérimentale Gérard Hornstra de l’Université de Maastricht et NUTRI-SEARCH de Gronsveld au Pays-Bas a expliqué à l’auditoire l'importance potentielle des acides gras polyinsaturés essentiels dans la programmation du développement de l'être humain.
Il est désormais communément admis qu'une nutrition inappropriée à des stades essentiels de la vie périnatale peut déclencher des événements de « programmation » influant à long terme la santé, les fonctions ou les performances des individus. Les acides gras polyinsaturés essentiels (AGPIe) remplissent plusieurs fonctions de première importance dans l'organisme humain. Ces acides gras ne peuvent être synthétisés par l'homme, ou difficilement ; un apport approprié est donc indispensable au bon fonctionnement de l'organisme.
L‘alimentation pendant la grossesse
Le Professeur Irene Hösli-Krais de la Clinique gynécologique de l’hôpital universitaire de Bâle s’est penchée sur l’alimentation en cours de grossesse qui joue un rôle dans le déroulement de celle-ci et dans l’évolution du foetus. En matière d’alimentation, le poids de la mère avant la conception et la prise de poids au cours de la grossesse ainsi que la composition de l’alimentation jouent un rôle important.
L’activité physique n’est pas en reste et a aussi une action bénéfique. Partant d’un poids normal avec un IMC de 18.5- < 25, la prise de poids moyenne sera de 11 à 16 kg avec un seul enfant. La composition de l’alimentation et le nombre de repas sont conformes aux préconisations de la pyramide alimentaire de la SSN pour les femmes qui ne sont pas enceintes. Mais une supplémentation en acide folique devrait intervenir un ou deux mois avant le début de la grossesse et une attention particulière est à porter à la couverture des besoins en acides gras essentiels.
Le point sur l’alimentation des nourrissons et des enfants en bas âge
Le Professeur Christian Peter Braegger, responsable du département de gastro-entérologie et de nutrition de l’hôpital de pédiatrie de Zurich a confirmé que le lait maternel est l’alimentation naturelle par excellence des nourrissons. La commission de nutrition de l’ESPGHAN (European Society for Paediatric Gastroenterology, Hepatology and Nutrition) recommande un allaitement exclusif pendant quatre à six mois puis, à côté d’une alimentation de sevrage, une poursuite de l’allaitement jusqu’à la fin de la première année, voir au-delà.
Ces recommandations sont justifiées par les nombreux avantages de l’allaitement pour la santé qui a fait l’objet de travaux bien documentés. Parmi ces avantages, il faut souligner ses effets protecteurs contre les infections gastro-intestinales, respiratoires et ORL (otites). En outre, on a prouvé l’existence chez les enfants allaités d’effets de programmation à long terme qui n’ont pas été observés chez les autres. Il s’agit notamment d’effets positifs sur le développement cognitif, le poids corporel, la tension artérielle et la prévention des allergies.
Les phases critiques du développement
Le Dr Josée Despars, Docteur en psychologie du Service Universitaire de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent (SUPEA) au Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV) à Lausanne a exposé pourquoi la grossesse et ensuite les premières années de vie d’un enfant est un période dynamique, sensible et propice aux réaménagements psychiques.
De manière générale, les parents souhaitent transmettre le meilleur à leur enfant pour un développement harmonieux, en santé, avec des valeurs culturelles propre à chacun. Manger est un acte vital et quotidien, mais qui au-delà de la satisfaction des besoins primaires, est un acte chargé de sens, culturel, social et psychologique. Du point de vue sociologique et psychologique, le fait d’accepter la nourriture, c’est aussi accepter l’autre et accepter de nouer des liens. L’alimentation représente ainsi un axe autour duquel le lien va se créer. Un lien dans lequel les caractéristiques de l’enfant et celles des parents vont moduler et affecter la sphère de l’alimentation et le développement de la relation parent-enfant.
En marge du congrès, les participants ont pu prendre part à divers ateliers sur des thèmes tels les phases critiques de développement, la supplémentation: évidences pour la mère et l‘enfant ainsi que les projets de prévention pour la petite enfance. La dernière conférence plénière donnée par le Professeur Luc Marlier du Laboratoire d’Imagerie et de Neurosciences Cognitives LINC de Strasbourg, a porté sur le thème de l’empreinte sensorielle prénatale et le développement du goût chez le jeune enfant.
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