Cancer de la prostate: le programme de dépistage précoce dans la ligne de mire des spécialistes
Quel intérêt revêt le dépistage précoce et quand est-il nécessaire? La Journée du cancer organisée en octobre à Berne est l'occasion pour les spécialistes de s’attaquer à ces questions importantes, non seulement pour les hommes mais également pour leur entourage.
Ces méthodes de dépistage précoce permettent de déceler et de traiter à temps une tumeur maligne. Le cancer de la prostate fait partie des cancers à évolution lente. Au cours de ces dernières années, une augmentation du nombre de cas chez les hommes âgés de 50 à 69 ans a été constatée dans notre pays. Ce constat est partiellement lié au recours au dosage du PSA. Les décès liés au cancer de la prostate sont en revanche en recul. 82 % des patients touchés ont survécu au moins 5 ans après le diagnostic.
Le programme de dépistage précoce divise le corps médical
A l’heure actuelle, le corps médical est divisé en ce qui concerne le programme de dépistage précoce du cancer de la prostate. Une enquête menée auprès de 158 médecins de famille révèle que 50 % d’entre eux sont convaincus que les avantages procurés par le dosage du PSA l’emportent sur ses inconvénients. Ils sont néanmoins 75 % à privilégier les examens préventifs. 40 % d’entre eux adoptent cette démarche par crainte des poursuites judiciaires.
Nous faisons face à un manque crucial d'éducation du patient et de communication, explique Johann Steurer du « Horten-Zentrum für praxisorientierte Forschung und Wissenstransfer » (Centre Horten pour la recherche orientée vers la pratique et le transfert de connaissances) de l’Université de Zurich. Il est indispensable non seulement d’exposer aux hommes les retombées positives de ce type de mesure, mais également de bien leur en expliquer les inconvénients, tels que les effets secondaires du traitement pouvant se traduire par une incontinence ou une impuissance. Ce n'est que dans ces conditions que nous pouvons laisser chaque homme libre de prendre la décision d'effectuer ou non le dépistage.
Quelques chiffres sur la mortalité liée au cancer de la prostate
En Suisse, un homme sur huit est touché par le cancer de la prostate, ce qui représente chaque année 5700 hommes d’après le registre genevois des tumeurs. 1300 hommes en meurent chaque année.
On trouve parmi les facteurs de risques non influençables l'âge et les antécédents familiaux. Il n'existe pas d'autres mesures de prévention que celles d'éviter les facteurs de risque habituellement mis en cause dans tout autre type de cancer (tabagisme, sédentarité, facteurs environnementaux, etc.). Il est toutefois impossible de préconiser un dépistage précoce à tous les hommes sans les examiner auparavant. On court alors le risque de voir se multiplier les surdiagnostics, à savoir le dépistage de tumeurs qui n’auraient sans doute jamais posé problème au patient.
Les spécialistes voient là une faille du système, car ces hommes pourtant traités doivent ensuite vivre avec les conséquences de ce traitement, à savoir l'incontinence ou l'impuissance. Les spécialistes s’accordent donc à dire que les analyses utilisant le dosage du PSA doivent être perfectionnées. Différents laboratoires sont à ce jour en mesure de fournir des valeurs distinctes. Il serait en outre nécessaire d’établir des réponses standard aux questions telles que: à partir de quel âge et à quelle fréquence est-il justifié de faire des tests ? A partir de quel seuil le traitement est-il à préconiser ?
Les données recueillies par le registre genevois des tumeurs révèlent en outre d’importantes différences liées au statut socio-économique. Les ouvriers sont deux fois plus nombreux à mourir du cancer de la prostate que les cadres. Ce constat n’est pas à mettre en corrélation avec le programme de dépistage précoce, mais plutôt avec un échec de la communication. Les spécialistes recommandent donc de mettre à disposition du public des informations cohérentes et compréhensibles par tous.
Voir le lien: Ligue suisse contre le cancer
02.02.2011