Cancer de la prostate: opérer rapidement ou attendre – une question récurrente
Une longue observation de presque 700 hommes malades du cancer de la prostate a montré qu’une opération chirurgicale réduit bel et bien le risque de métastases, mais n’abaisse le taux de mortalité que chez les jeunes hommes. Par contre, prolonger l’attente (watchful waiting) affecte la qualité de vie des patients.
347 ont été immédiatement opérés, alors que les autres sont restés en observation (watchful waiting).
En 2009, 166 des 347 opérés étaient décédés, dont 55 des suites du cancer de la prostate. Du groupe d’observation (348), 201 hommes sont morts, dont 81 de ce cancer. D’après les calculs des chercheurs, opérer rapidement a donc permis de réduire de 6.6% le taux de mortalité en général et de 6.1% de celui du cancer de la prostate. Le bénéfice de cette opération n’est par contre valable que pour les patients de moins de 65 ans. Chez ces derniers, une opération rapide a permis de réduire de 13.5% les taux de mortalité en général.
Les jeunes hommes qui s’étaient décidés pour la méthode d’observation sont morts plus souvent du cancer de la prostate et ont développé plus fréquemment des métastases. Le développement de métastases n’était par contre pas aussi important chez les hommes âgés de plus de 65 ans au début de l’étude. Il est important de mentionner que ces patients, s’ils sont encore vivants, sont maintenant âgés de plus de 80 ans et que le cancer ne se développe à ce stade de vie que lentement.
Chez les jeunes patients, les résultats parlent en faveur d’une opération rapide. En effet, la résection complète de la prostate augmente les chances de survie déjà pour les tumeurs peu agressives. Par contre, le désavantage est que 32% des opérés souffraient un an après l’opération d’une incontinence urinaire et presque 60% d’un trouble de l’érection.
Un éventuel traitement hormonal, souvent proposé à la place de l’opération, peut aussi troubler la qualité de vie des jeunes patients : les hormones causent souvent une impuissance sexuelle, des rougeurs de la peau et une sensation de chaleur (sorte de bouffées de chaleur), ainsi que des troubles du métabolisme des graisses et sucres, augmentant donc le risque de souffrir du diabète et d’un infarctus cardiaque.
A la question, si un cancer de la prostate doit être de suite opéré ou plutôt observé (watchfull waiting), les résultats de cette étude ne permettent pas d’y répondre définitivement.
De plus, ces résultats ne sont pas forcément applicables dans d’autres pays. En effet, comme l’a déclaré un expert américain, les cancers de la plus prostate étant diagnostiqués aux USA probablement 10 ans plus tôt grâce au screening du taux de PSA, cela dure plus longtemps – donc peut-être plus clairement – avant que les avantages de l’opération ou de l’observation n’entrent en jeu. Depuis, l’étude en cours est terminée et les résultats des 15 années d’observation devraient être disponibles cette année.
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24.05.2011