Prolonger l’anticoagulant après une prothèse valvulaire biologique du cœur réduit le risque d’un arrêt cardiaque
Après l’implantation d’une valve cardiaque biologique, une anticoagulation est actuellement prévue durant au maximum trois mois afin de prévenir des thrombo-embolies. Des chercheurs danois ont, grâce à une analyse des données du registre des patients de leur pays, montré que prolonger cette période jusqu’à six mois serait même bénéfique.
Si un remplacement opératoire des valves cardiaques est nécessaire suite à une maladie de celles-ci, deux formes de valves sont à disposition: mécaniques ou biologiques. Les valves cardiaques mécaniques ont une durée de vie de plusieurs dizaines d’années mais nécessitent une anticoagulation à vie.
Les valves cardiaques biologiques (de cochon ou de boeuf), avec une durée de vie de 10 à 15 ans, nécessitent par contre une anticoagulation plus courte.
Dans le cas d’une valve cardiaque biologique, la société européenne de cardiologie recommande actuellement une anticoagulation pour un maximum de trois mois. La coagulation sanguine est ainsi réduite au moyen d’un anticoagulant oral (antagoniste de la vitamine K) dans le but de prévenir une thrombo-embolie ou une attaque cérébrale potentiellement mortelle.
Au Danemark, des chercheurs ont analysé les données de 4‘075 patients enregistrés dans leur pays et ayant bénéficié entre 1997 et 2009 d’une valve cardiaque aortique biologique. Les chercheurs ont comparé le risque d’attaques cérébrales, de thrombo-embolies, de problèmes cardiaques mortels et de saignements entre les patients ayant reçu un anticoagulant oral (antagoniste de la vitamine K) durant une période de jusqu’à une année et ceux ayant interrompu prématurément la prise de ce médicament ou ne l’ayant pas reçu du tout.
Comparés avec ceux n’ayant pas bénéficié d’un anticoagulant ou l’ayant interrompu prématurément, les patients sous anticoagulant oral ont souffert durant les trois premiers mois nettement moins souvent d’attaques cérébrales et encore moins de thrombo-embolies. La prise préventive d’un anticoagulant a tout particulièrement permis de réduire le nombre d’accidents cardiaques mortels. Ces différences entre les deux groupes de patients étaient encore valables entre le 3ème et 6ème mois suivant l’opération cardiaque. Ce n’était qu’à partir du deuxième semestre suivant cette dernière (c’est-à-dire 6-12 mois après l’opération) que l’anticoagulation ne présentait plus d’avantage. Le risque de saignements était d’une manière générale relativement faible.
Selon les chercheurs, la nette réduction du nombre de troubles cardiaques mortels observée sous anticoagulant oral parlerait en faveur de la prise de ce médicament jusqu’à six mois après l’implantation d’une valve cardiaque biologique. Cette étude a cependant ses limites: l’analyse d’un registre de patients n’est pas aussi pertinente qu’une étude clinique de contrôle.
10.12.2012