Sclérose en plaques: la relation entre le virus d'Epstein-Barr et les lésions cérébrales mise pour la première fois en évidence
Le soupçon que le virus d'Epstein-Barr (VEB) puisse causer la sclérose en plaques (SEP) existait depuis longtemps. Des chercheurs en neurologie ont maintenant découvert le VEB dans le cerveau de personnes décédées de la SEP. Il semblerait que le VEB atteigne le cerveau grâce aux lymphocytes-B qui font partie des globules blancs. Les chercheurs en ont donc déduit que des substances efficaces contre les lymphocytes-B le sont aussi contre la SEP.
De vieilles études effectuées sur les facteurs de risque de la SEP avaient supposé que le VEB (de la famille des virus de l'Herpès) joue un rôle dans la SEP. Si une infection par le VEB a lieu durant la petite enfance, elle est souvent sans conséquence.
Une infection par le VEB plus tard dans l'enfance ou durant l'adolescence augmente par contre de dix fois le risque de souffrir plus tard de la SEP. Tomber malade au même âge de la mononucléose (maladie aussi due au VEB) augmente même ce risque de vingt fois. Mais de nouveau, si cette infection a lieu durant la petite enfance, elle reste normalement sans conséquence.
Comme des experts l'avaient publié en 2007 dans le journal Annals of Neurology, le VEB, parmi plusieurs candidats, était le plus sérieusement considéré pour être le déclencheur de la sclérose en plaques. Le VEB attaque les lymphocytes-B (de la famille des globules blancs) et y dépose ses gènes. Il ne s'y reproduit pourtant pas. Une infection par le VEB reste dans ce cas inactive, mais présente à vie dans le corps. Pour le considérer définitivement comme le déclencheur de la SEP, il manquait jusqu'à maintenant la preuve de sa présence dans le cerveau lésé des patients de cette maladie.
Les derniers résultats d'une chercheuse en neurologie de la Queen Mary University de Londres apportent aujourd’hui cette preuve. Cette chercheuse a découvert le VEB dans le cerveau lésé de dix patients décédés de la SEP. Le virus d'EB même n'était pas actif, mais semblait avoir causé des processus inflammatoires qui peuvent avoir mené à la SEP. L'experte suppose que le VEB est arrivé dans le cerveau grâce aux lymphocytes-B.
De plus, la scientifique a pu lors d'une expérience en laboratoire créer les protéines inflammatoires produites par les cellules infectées par le VEB.
Si cette hypothèse est correcte, les médicaments, qui atténuent les cellules-B infectées par le VEB, devraient aussi aider à traiter les maladies auto-immunes telles que la SEP.
Dans une première étude pilote, une substance, qui atténue spécifiquement les cellules-B actives et qui est déjà utilisée contre le cancer, a montré des résultats prometteurs. Il s'agit d'un anticorps monoclonal (le rituximabe) qui va maintenant être observé dans des études cliniques pour le traitement de la SEP.
Une étude précédente datant de 2000 avec le même médicament avait montré une nette réduction des poussées de la SEP. Les chercheurs avaient alors déclaré que leurs résultats devaient encore être confirmés par de plus grosses études.
24.01.2012