Sclérose en plaques: du sport pour le corps et l’esprit
Les malades de la sclérose en plaques peuvent aussi bénéficier d’une activité sportive régulière. Toutefois, tout dépend de la quantité. Susanne Kägi, conseillère au centre suisse-alémanique de la SEP, en explique les principes.
L’article a été écrit pour les professionnels de la santé et publié dans le journal spécialisé Psychiatrie und Neurologie, mais contient des informations également intéressantes pour les laïcs. Dans la mesure du possible, les termes médicaux ont été vulgarisés (Réd. Santeweb).
Psychiatrie & Neurologie: Madame Kägi, pourquoi le sport et le mouvement sont-ils aussi importants pour les patients de la sclérose en plaques?
Susanne Kägi
L’effet est comparable à celui chez les personnes en santé: les cytokines libérées par l’exercice physique ont un effet anti-inflammatoire, ce qui est bénéfique quant au processus de la maladie. De plus, le corps reste ainsi plus longtemps en forme. Il est de ce fait aujourd’hui conseillé aux patients de pratiquer du sport et de se mouvoir.
Psychiatrie & Neurologie: Quand le sport est-il le plus efficace?
Susanne Kägi
Plusieurs études ont prouvé que le sport est efficace lors de la prévention primaire et secondaire. Il est par exemple évident que la course sur un tapis roulant aide à renforcer la posture corporelle et/ou à la maintenir plus longtemps, ou que l’escalade permet de réduire la fatigue. Même les patients sévèrement handicapés peuvent profiter des bienfaits du sport. Lorsque les malades ne peuvent plus se mouvoir eux-mêmes, des exercices ciblés et des machines peuvent alors les aider.
Psychiatrie & Neurologie: Comment le sport agit-il plus précisément dans le cas de la SEP?
Susanne Kägi
Les symptômes tels que les spasmes, les troubles de l’équilibre et de la marche, la fatigue et la dépression sont moins forts. Le sport permet également souvent aux patients d’avoir plus confiance en eux, améliorant ainsi tout ce qui est dépendant du corps et des symptômes. Les patients de la SEP déclarent souvent qu’ils se sentent ensuite mieux lorsqu’ils doivent marcher ou se trouvent mélangés à la foule.
Psychiatrie & Neurologie: Recommandez-vous le sport seul ou en groupe ?
Susanne Kägi
Le sport et les activités motrices en groupe ont un autre avantage : le groupe est en effet un facteur motivant; on peut créer des liens sociaux et échanger ses sentiments. Un succès, quelqu’un capable subitement de mieux se mouvoir, est un catalyseur et donne du courage.
Psychiatrie & Neurologie: A quel point le sport et l’activité motrice sont-ils importants pour l’esprit?
Susanne Kägi
Le sport et le mouvement éliminent le stress. Les patients sont à nouveau sereins et décontractés. Durant le sport ou l’activité motrice, l’irrigation sanguine du cerveau est augmentée de 30%, facilitant ainsi la régénération neuronale. Les symptômes tels que la fatigue, la dépression ou les troubles de la concentration sont en partie atténués, ce qui est bénéfique pour la capacité de travail et permet d’y être présent plus longtemps.
Psychiatrie & Neurologie: Quand et durant quelle phase les patients de la SEP sont-ils autorisés à faire du sport?
Susanne Kägi
Dans les phases cliniquement stabiles, le sport est possible sans restriction. Les limites sont souvent posées par les capacités sportives ou l’état de forme du corps. Lors des poussées de la maladie, le patient devrait se reposer. Dans ce cas, la consultation chez le neurologue permet ensuite de déterminer quand le patient peut reprendre le sport.
Psychiatrie & Neurologie: Quels sports recommandez-vous?
Susanne Kägi
Tous les sports permettant une activité aérobe sont bénéfiques. Le sport devant être motivant et plaisant, les recommandations sont à voir au cas par cas. Pour entrainer l’endurance, le vélo, le Nordic Walking, la nage et l’aviron sont conseillés. Pour ce qui est de la force, je recommande d’utiliser avec l’aide d’un professionnel les machines d’un centre de Fitness, de faire de l’escalade accompagnée ou de l’Aqua-Fit. L’escalade, la course d’orientation et le tennis permettent quant à eux d’entrainer la mobilité.
Psychiatrie & Neurologie: Les leçons doivent-elles être adaptées aux patients de la SEP?
Susanne Kägi
Non, pas forcément. Ce qui importe, c’est de bien se juger et de faire attention. Ces deux facteurs permettent de trouver le type de sport le plus indiqué à chacun. Lors du stade avancé de la maladie, la physiothérapie permet de bien accompagner le patient.
Psychiatrie & Neurologie: A quoi les patients de la SEP doivent-ils le plus faire attention lorsqu’ils font du sport?
Susanne Kägi
Une température corporelle trop élevée peut aggraver les symptômes de la maladie. Il faudrait donc pratiquer du sport à faible ou moyenne intensité. Il est également important de porter des habits adéquats permettant au corps de respirer. Dans tous les cas, il faut boire avant, pendant et après l’effort, contrôler que le local sportif soit bien aéré, et se doucher tout de suite après l’effort afin que le corps ne se refroidisse pas trop rapidement. En cas de température élevée, je recommande de ne pas faire de sport. Si des troubles de la sensibilité sont présents, il est important d’éviter de se blesser. Dans ce cas, il faut impérativement porter des habits protecteurs ou éventuellement de changer d’activité sportive.
Psychiatrie & Neurologie: Quel est le risque de surcharge dans les sports d’équipe?
Susanne Kägi
Dans les sports de combat ou ceux de compétition, la pression du groupe et de la performance peuvent grandement augmenter si l’objectif n’est pas atteint. Dans ce cas, le plaisir lié au sport disparait. Les sports de groupe et d’équipe ne doivent toutefois pas être interdits; le patient doit en effet également apprendre à perdre et à découvrir ses propres limites.
Psychiatrie & Neurologie: Qui propose des cours de sport?
Susanne Kägi
En Suisse, PluSport et Procap proposent diverses offres pour les handicapés, allant de légères activités motrices aux sports de pointe. Dans les régions, il existe de nombreuses possibilités grâce aux sociétés et organisations locales. Les coûts pour des cours de sport varient fortement en fonction du type, de la durée et de l’intensité de l’activité. Je recommande de tout d’abord bien s’informer des coûts et du matériel nécessaire, car le patient doit payer de sa poche. D’une manière générale, il existe pour chaque catégorie financière plusieurs possibilités sportives. Si les patients ne peuvent malgré tout pas assumer eux-mêmes les coûts, ou si leurs moyens financiers réduisent considérablement l’offre, la Société Suisse de la Sclérose en Plaques aide volontiers ces personnes à trouver des offres et les soutient aussi financièrement.
Au sujet de l’interviewéeSusanne Kägi
Aide soignante, superviseur, coach, conseillère en organisation
Conseillère au centre suisse-alémanique de la SEP
Société Suisse de la Sclérose en Plaques
Josefstrasse 129
Case postale
8031 Zurich
Email: skaegi@multiplesklerose.ch
14.03.2011